I'll change your life ...

Bonjour. Tu parles d'un encouragement. Au moins, elle avait répondu. Mais elle ne l'avait pas bien aidé, la bougre. Il fallait bien avouer, aussi, qu'il n'était pas aussi à l'aise avec les demoiselles qu'il en avait l'air. Il était certes loin d'être maladroit, et il avait acquis au fil des années de l'expérience, mais il demeurait particulièrement désarmé lorsqu'il s'agissait d'aborder quelqu'un pour la première fois, ce qui, selon les dires de ses admiratrices multiples, le rendait particulièrement craquant et attendrissant. C'est clair que se mettre à bafouiller devant une bombe d'un mètre soixante-dix était vraiment craquant, y'a pas à dire. Toutes les mêmes, ces pauvres demeurées. A préférer la sensibilité à cette bonne vieille virilité qui lui faisait défaut. Et ça le dérangeait bien, compte tenu que ça n'attirait plus grand monde. Il n'avait jamais vraiment apprécié représenter la presque idole des adolescentes de la ville, qui ne cherchaient qu'à le rencontrer, à traîner en ville avec lui, à lui arracher un sourire. Pathétique. Inconcevable. Risible.
Mais là, on s'en foutait. Il ne connaissait pas la demoiselle, elle ne le connaissait visiblement pas non plus, ce qui leur permettait de partir sur de bonnes bases. Il croyait à ce vieux trucs qui dit que c'est la première impression qui est la bonne. Alors il était évident qu'il cherchait à faire bonne impression. Pas seulement pour la forme, après tout, si il ne plaisait pas à une fille, ça ne pourrait que faire jaser celles qui restaient. Non, pas pour ça. Elle semblait avoir un petit truc intéressant, derrière tous ces gadgets superflus que se devait d'arborer n'importe quelle adolescente normalement constituée - oui, parce qu'il en demeurait certaines qui n'étaient visiblement pas normalement constituées, allez savoir à qui donc il pensait...
Alors il inspira légèrement, se donna du courage, et fit preuve d'une originalité jusqu'alors jamais vue.
« Serais-tu nouvelle dans le coin, par hasard ? »
Il faillit d'ailleurs s'en donner une claque, et aurait payé cher pour voir la tête qu'il avait tirée juste après avoir proféré ces mots dégoulinants de stupidité.

Ariane. Sa langue se souleva, mais il eut vite fait de se retenir de sortir la phrase qu'elle avait dû entendre des centaines de fois. Comme le fil d'Ariane ? A croire que la réelle passion qu'avait Alex pour la mythologie lui avait déteint dessus. Il allait songer à le lui faire remarquer, qu'elle avait une mauvaise influence sur lui. Bientôt il serait foutu de ressortir le mythe de Prométhée sans même bafouiller. Effrayant. Enfin bref. Ariane. Vieux, mais il aimait bien. De toute façon, qu'il aime ou pas, les prénoms, c'est comme la famille, ça se choisit pas. Sauf quand il s'agit de partenaires, mais il ne comprenait pas franchement pourquoi il s'égarait vers de tels chemins.
Il aperçut dans le regard de son interlocutrice une sorte de lueur bizarre avant qu'elle ne se présente, comme si elle s'était laissée aller à envisager de dire une tout autre chose. Il fallait vraiment qu'il mette fin à cette manie qu'il avait de toujours s'attarder sur des détails futiles.
« Ariane. J'aime bien. » Et comme pour confirmer ses paroles, il hocha la tête avec une ferveur légèrement exagérée. « Enchanté Ariane, moi c'est Ethan. Et non, ça ne se voit pas tant que ça, c'est juste que bon... aussi étrange que cela puisse paraître, j'ai le privilège de connaître la plupart des gens du coin, et je pense que si je te connaissais, je me souviendrais de ton visage. » Il lui adressa un léger sourire, mais pas un de ces sourires carnassiers qu'arborent les dragueurs en série sur leur minois trop parfait. Non, juste l'un de ces sourires attendrissants qu'ont les mecs dénués de toute virilité, comme lui, à ce qu'on disait.

Ariane sourit ...

- Tu sais t'étais pas obligée de dire que t'aimais. Promis, j'aurais rien dit, si t'aurais voulu dire le contraire ... ou simplement rajouter quelque chose =P

Et bien, elle avait finalement raison, il avait le privilège de connaitre la plupart des gens ici ...
Elle le regarda se présenter, Ethan, c'état donc son nom. * Enchantée Ethan ... *
Elle s'interessa à la façon dont il parlait, mais oui ! C'est qu'il existe encore des mecs qui savent parler. Elle ne put s'empêcher de sourire quand elle vit le sien. Oui, ce mec était décidemment, quelqun de bien, c'est l'impression qu'il donnait. Mais bon, elle ne le connaissait, donc elle devait pas juger trop vite. Et si c'était un de ces mecs qui parraissaient parfaits mais qui étaient loin de l'être. Elle réflechit a ça quelque seconde. Ca fesait un moment qu'elle n'avait pas parler à quelqun qui sortait du cercle familial. Le drame avait eu lieu il a 8 mois, et avait toujours autant de mal à revivre. C'était encore trop, est ce que la décision de sa mère, quitter New York, en était une bonne ? Seul le temps le dira. Mais pour l'instant, elle ésperait, ésperait, qu'elle réussirait a redevenir normale, sans jamais oublier qu'elle l'avait aimé. Mais il aurait voulu qu'elle soit heureuse, non ?! =S

- Si tu considères ça comment un privilège et que ce n'était pas de l'ironie, c'est que les gens ici doivent être ... Hùùm ... plus supportables que chez moi, non ?

« Oh, je sais que je n'étais pas obligé de dire que j'aimais, mais n'étant pas très doué pour lécher les bottes des gens, j'ai tendance à être sincère. » Crétin des Alpes. C'est comme ça que l'aurait appelé Aleksah à ce moment-là si elle avait été là. Il se réjouit alors qu'elle fût absente, car se taper la honte en cet instant l'aurait plutôt indisposé. Même si à vrai dire, il n'avait jamais eu bien honte. Pas récemment, en tout cas.
Il cessa de passer en revue toutes les petites séances de honte qu'il avait subies dans son enfance et préféra s'atteler à l'observation de la jeune femme. Et il y en avait, des choses à constater. Enfin, pour quelqu'un qui sait regarder, s'entend. Il avait toujours eu cette tendance à regarder les gens dans les yeux, et à sentir d'une certaine manière ce qui se passait dans la tête des gens. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il fuyait ces pauvres blondes manucurées au quotient intellectuel aussi élevé que celui d'un caillou.
Elle semblait étrangement plus intéressante qu'elle en avait l'air, affublée de tous ces vêtements limite faits sur mesures chez Mr le styliste le plus huppé du moment. N'importe qui aurait pu voir que quelque chose clochait chez elle, mais il n'était pas psychologue, ça ne le regardait pas, et il n'allait certainement pas remuer du crottin qui ne le concernait pour le simple plaisir d'en voir les mouches s'envoler.
« Je vais t'avouer que j'ai été plutôt ironique sur ce coup... Mais les gens ici n'ont rien de détestable, ils manquent juste cruellement d'intérêt. Quand à les comparer à ceux de "chez toi", comme tu dis, il faudrait déjà que je sache ce qu'est ton chez toi. » Nouveau sourire radieux, comme d'habitude.

" j'ai tendance à être sincère "
Ariane médita sur cette réponse, sans relever. L'était il sincère ? ou il cherchait juste a s'attribuer une qualité par la plus mauvaise façon qui soit, se vanter. Elle ne savait pas trop quoi penser ... donc préféra se taire. Elle ne le connaissait donc pourquoi juger ? Mais pourquoi accorder sa confiance si tôt ? Non, de toute façon elle n'était pas capable de faire confiance aussi facilement, avec personne, même si il était beau, bien foutu, et qu'il ressemblait étrangement à ... =( C'est fou, on essaye d'aller bien, d'être forte, de penser à autre chose. Et même quand on rencontre de nouvelles personnes, qu'on change de vie, le passé nous ratrappe si facilement. Elle avait si peur de craquer. Ces derniers temps, elle s'était calmée, elle réussissait a dormir plus de 2h sans se lever, ce qui était un progrés colossal pour elle.

Le vent souffla légérement. Mmmh, le vent marin, elle n'y était pas habituée, du moins plus, ça faisait un moment qu'elle n'avait plus voulu quitté New York. Ariane remit ses cheveux en place d'une façon assez gracieuse, propre à elle même. Pourquoi perdre sa classe naturelle quand on en avait autant à revendre meme pour des situations aussi banales. Bref, elle rajuste par la même occasion sa robe, le tout discrétement.

- J'viens de New York, de Manhattan en fait. Avec Central Park, juste devant la maison. Endroit plutôt cool. Mais remplie de gosses de riches qui ont et réussissent tous dans la vie pour avoir le seul mérite d'être .... né.

C'était si facile de les critiquer. Elle les connaissait par coeur, mais elle était aussi une gosse de riche ... mais bizarrement, elle s'était toujours sentie différente.

Elle le jaugeait, n'importe qui aurait pu le voir. Peut-être même le jugeait-elle, mais il n'en avait cure. Il savait ce qu'il valait, et si elle ne parvenait pas à le voir maintenant, peut-être que cela viendrait un peu plus tard. Ou peut-être pas, mais dans ce cas, cela n'avait guère d'importance. Il la regarda arranger ses cheveux, sa robe... et se rendit compte que ce n'était pas franchement poli. Cela faisait un petit moment qu'il n'avait pas regardé une fille avec attention. Il ne prêtait plus trop attention aux anorexiques qui se bousculaient au portillon pour prendre possession de son coeur. Ah, le vieux romantique, il devait bien être le seul à s'imaginer qu'une fille puisse encore chercher à vouloir son coeur. Ce qu'elles voulaient toutes, c'était du sexe. C'était pour ça qu'il ne les regardait même plus. Elles finiraient toutes péripatéticiennes, et lui, célibataire. Quelle belle perspective.

Ainsi donc, elle venait de Manhattan. Elle devait quand même se sentir dépaysée... Mais d'un côté, il était persuadé qu'il valait mieux passer de NYC à Palms Spring plutôt que l'inverse. Quoi de plus sain que le bord de mer, hein ? « Je pense que dans ce cas nous pouvons affirmer sans trop nous tromper que les gens d'ici sont un peu plus supportables que ceux de chez toi. De quoi se réjouir. » Il avait sentie la critique à peine voilée qu'elle avait faite de ses congénères, mais s'abstint de relever. De toute façon, elle faisait également partie de ce type de gens, il en était sûr, bien que, même s'il n'avait jamais bien fréquenté ces gens là, il sentait qu'elle avait au fond d'elle-même des valeurs qui devaient cruellement manquer à ces pauvres riches.

- Merci de m'accorder ça

Elle lui sourit gentillement, elle s'étonna d'elle même. C'est l'air marin qui faisait cet effet ?! Mais c'est qu'elle aurait du venir plutôt =S
Il la vit la regarder, certes elle l'avait fait aussi, et se demanda si c'est juste parce qu'elle venait d'arriver et qu'elle allait devenir le nouveau spécimen rare de la ville, ce qu'elle n'ésperait pas. Elle voulait passer inaperçue, qu'on ne la voit pas. Ce qui était contradictoire, car elle voulait aussi changer de vie et se faire de nouveaux amis. Dans le genre, je sais pas ce que je veux. Pauvre fille légerement demeurée et instable ...

Elle vit le muret a moins d'un mètre d'elle, elle s'y assit, regardant le fameux Ethan. Finalement, elle avait envie de parler, ce qui ne semblait pas spécialement le déranger ? Donc pourquoi ne pas s'installer, les talons, a force, ça fait mal au pied, même si c'est super joli.

- Alors comment c'est ici ? J'ai comme l'impression que tu aimes particuélierement ces " gens ". Je suis nouvelle, j'aurais peur d'être ... si facilement trompée par tous ces gens. Mmmh, au fait, New York, c'est bien. Il suffit de rentrer dans le moule et la vie est belle ...

« Je t'en prie. » Il sourit également. Un peu de légèreté dans ce monde de prise de tête ne pouvait que faire du bien. Fallait dire aussi que de manière générale, il souriait assez souvent. Un vrai bout-en-train cet Ethan. Toujours à amuser la galerie, quand elle est assez intelligente pour comprendre ce qu'il dit.
Il la regarda s'asseoir, devinant aisément la légère douleur que subissaient ses pieds. Dur d'être une fille. Donc, il la regarda, mais pas genre comme une nouveauté tout droit débarquée de Pluton, non, juste comme on regarde quelqu'un lors d'une conversation polie mais intéressée. Pas le genre de truc vicieux où on laisse traîner ses yeux là où il faut pas.
Alors, comment c'était, ici ? Il était mal barré, lui, pour résumer ça. Mais bon, il fit de son mieux.
« Je dirais que c'est un coin tranquille. Les gens ne cherchent pas trop à se tirer dans les pattes, bien qu'il existe quand même quelques énergumènes qu'il est préférable de ne pas trop fréquenter. Et je te jure que je les aime bien ces gens, mais je les aimerais davantage s'ils ne s'intéressaient pas qu'au physique des gens. Enfin bref, je n'aime pas trop faire dans la philosophie un jour où je n'ai pas à réfléchir. Concernant ton truc de rentrer dans le moule, là, c'est ce que je trouve nul. J'ai pas envie de polémiquer hein, tu viens d'arriver, je vais pas me mettre à dos une pauvre jeune femme sans défense fraichement débarquée de la grosse pomme, mais sache que je préfère les gens qui se démarquent. » Il termina son laïus par un petit clin d'oeil, ce qui le fit intérieurement bien rire quand il se rendit compte de la stupidité de son geste.

Elle l'avait vu la regarder. C'est sur qu'en générale, elle ne passait pas vraiment inaperçue. Une jeune femme, blonde, agée seulement de 19 ans, ce qui la fesait pas mal déprimée d'ailleurs, qui s'habillait comme une jolie poupée. La preuve, aujourd'hui, avec sa robe, ses talons. En générale, elle ne portait que de la marque. C'est pas qu'elle voulait que tous le monde la regarde, ce juste qu'elle avait habituée comme ça. Avec une mère comme la sienne, on ne pouvait faire autrement. Elle n'avait pas le droit de s'habiller n'importe comment : et si les gens voyaient ?!. Non, pas ce t-shirt, il fait trop décontracté : qu'est que les gens penseraient ?. Ariane, non, pas cette robe ! Et ça, elle y avait eu le droit. Il fallait toujours avoir une apparence parfaite. Ses cheveux devaient être toujours coiffée. Elle devait être impecable 24h /24. Quand, tout parraissait si superficielle chez elle ... Au fond, elle ne l'était même pas. Elle s'intéressait plus ce qui ce passait en cours qu'a la nouvelle collection de sous vêtements de Victoria's Secret. Et dit qu'elle était à Yale avant ... Et que maintenant, elle allait se retrouver à ... merde, elle ne se rappellait plus nom. C'était étonnant, qu'il y ai une université dans une ville comme ça d'ailleurs.

Elle écouta Ethan et finit par lui répondre :

- Est ce que les filles qui ont un seul but dans la vie, d'être belle parfaite, et qui cherchent désesperement à plaire et à avoir un mec parfait. Le genre de meuf, qui ne savent compter que jusqu'a 10 parce que c'est le nombre d'ongles qu'elles ont sur les 2 petites mains et qu'il faut manicurer ...

Elle eu un grand sourire et regarda ses mains.

- Il est beau mon vernis non ?

Elle secoua la tête ... Comme si elle était comme ça ... Elle =O